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27 septembre 2023 - Actualités

Le démantèlement des éoliennes : vrai défi ou faux débat ?

La fin d'exploitation des premières générations d'éoliennes terrestres génère plusieurs questionnements : comment les éoliennes peuvent être déconstruites et sous quelles conditions ? La réglementation prévoit que pour les dossiers d’autorisation complets de parcs éoliens déposés à compter du 1er janvier 2024, 95 % de la masse totale du parc soit recyclée ou réutilisée. Malgré ce chiffre élevé, les matériaux composites, en grande partie issus des pâles d'éoliennes, restent difficile à valoriser.

Au deuxième trimestre 2023, la France compte 22,5 GW de puissance électrique éolienne installée. La Programmation Pluriannuelle de l'Énergie actuelle prévoit d'atteindre environ 35 GW de puissance installée à l’horizon 2028 (option haute). Avec une durée de vie moyenne de 20 ans, se pose alors une question cruciale : celle du démantèlement et du recyclage des éoliennes en fin de vie. Par conséquent, avec l'installation des premiers aérogénérateurs dans les années 2000, le nombre annuel de démantèlements d'éoliennes ne va cesser d’augmenter. Cette problématique suscite de nombreux débats parmi les élus. Comprendre davantage l'organisation de la fin de vie des éoliennes permet alors de dissiper les premières craintes.

 

Cadre réglementaire et objectifs français

 

Le cadre réglementaire français a connu plusieurs évolutions, toutes visant à l'amélioration du traitement des éoliennes en fin d’exploitation. L'article 29 de l'arrêté ministériel du 26 août 2011 établit les règles relatives au démantèlement, à la valorisation et au recyclage des déchets issus de la démolition des éoliennes terrestre. L'article distingue deux étapes dans la gestion de fin de vie d'une éolienne :

 

Étape 1 : Le démantèlement qui comprend :

 

  1. le démantèlement des éoliennes ;
  2. le démantèlement des postes de livraisons ;
  3. L'excavation de la totalité des fondations jusqu'à la base de leur semelle (sauf dérogation du préfet qui prendra sa décision sur la base d'une étude démontrant que l'excavation serait plus nocive pour l'environnement)
  4. La remise en état du site et le "remplacement par des terres de caractéristiques comparables aux terres à proximité de l'installation, sauf si le propriétaire du terrain sur lequel est sise l'installation souhaite leur maintien en l'état."

 

Étape 2 : La gestion des déchets issus de la démolition et du démantèlement :

 

Il est précisé dans l'article que les déchets doivent être "réutilisés, recyclés, valorisés, ou à défaut éliminés dans les filières dûment autorisées à cet effet". De plus, l'arrêté a subi une modification en 2020 afin d'établir des objectifs de seuils minimaux pour la réutilisation ou le recyclage des composants des éoliennes, exprimés en pourcentage de la masse :

 

Le taux de réutilisation correspond au pourcentage des matériaux issus du démantèlement qui devront être soit recyclés soit réutilisés. 

 

Qui s'occupe du démantèlement d'un parc éolien ?

 

C'est l'exploitant du parc qui prend en charge l'ensemble des étapes 1 et 2  vues précédemment. De plus, lors de la demande d'autorisation, des garanties financières minimales doivent être constituées pour assurer la réalisation de ces deux étapes en cas de défaillance de ce même exploitant. Pour approfondir cette question, nous vous invitons à consulter l'article précédemment rédigé par AMORCE sur ce sujet. 

Finalement, le site est donc entièrement démonté, les matériaux issus du démontage sont recyclés ou valorisés, puis les lieux sont remis au même état qu’avant la construction du parc.

Il convient de noter qu’il existe déjà des filières spécialisées implantées en France telle que AD3R ou encore Mywindparts.

 

Quels sont les déchets issus du démantèlement des éoliennes et sait-on les traiter ?

 

Synthétiquement, une éolienne terrestre est composée de matériaux que l'on peut distinguer en 3 catégories :

  • Béton, environ 60 % du poids total : il est utilisé pour les fondations des éoliennes.
  • Métaux, environ 35 % du poids total  (acier, cuivre, fonte, aluminium) : ces métaux sont utilisés respectivement dans le mât, le moyeu, la nacelle et les câbles.
  • Matériaux composites (verre et époxy), environ 5 % du poids total : principalement concentré dans les pâles des éoliennes.

 

D'après une étude de l'ADEME sur le renouvellement de l'éolien, il est indiqué que le béton et les métaux peuvent être recyclés à 100 % et la filière est déjà opérationnelle en Europe et en France. La problématique du traitement des déchets issus du démantèlement porte donc principalement sur les matériaux composites qui représentent 5 % du poids total de l'éolienne. Pour ces matériaux, il existe divers procédés de recyclage tels que la gazéification, la pyrolyse, la solvolyse, le broyage mécanique et l'incinération. Cependant, ils nécessitent une ingénierie plus complexe, ce qui se traduit par des coûts plus élevés que ceux associés au recyclage du béton et des métaux (environ 95 à 100 € par tonne pour les matériaux composites, hors frais de transport et de découpe contre 30 € la tonne pour le béton, selon l'étude de l'ADEME).

 

Si ces sujets vous intéressent, AMORCE réalisera une note sur la thématique des énergies renouvelables et des ressources, où il sera traité les perspectives de recyclage pour l'éolien et le photovoltaïque. En attendant, vous pouvez déjà vous inscrire au webinaire du 15 décembre d'AMORCE sur cette thématique !

 

Et après le démantèlement ?

 

Nous l'avons vu, les premiers parcs éoliens arrivent à leur terme, le site peut alors soit être remis à son état initial soit faire l'objet d'une opération de renouvellement encore appelé opération de "repowering". Cette opération consiste à moderniser un parc éolien existant en remplaçant les anciennes éoliennes par des modèles plus performants. Cela permet d'augmenter la production d'énergie, de prolonger la durée de vie du parc, de réduire les coûts de maintenance tout en continuant de respecter les normes environnementales. Cette démarche vise également à optimiser l'utilisation des infrastructures existantes. Les collectivités qui accueillent un parc seront bientôt confrontées au repowering/renouvellement de leur parc. AMORCE anticipe les futures questions de ses adhérents sur ce sujet et réalisera une note sur cette thématique. Si vous souhaitez avoir davantage d'informations sur cette publication ou apporter votre témoignage terrain, vous pouvez contacter Julie Ferry, responsable adjointe du pôle énergie (j.ferry@amorce.asso.fr).
 

Si vous souhaitez avoir le retour d'expérience d'un élu dont le parc éolien a fait l'objet d'un renouvellement, vous pouvez consulter le replay du webinaire "Les enjeux de la concertation pour l'éolien terrestre/en mer" à ce lien. Cet évènement est organisé dans le cadre du club CLEO d’AMORCE (club des Collectivités locales éoliennes). 

 

En conclusion, le démantèlement des éoliennes et la gestion de leurs déchets sont réglementés et encadrés en France. Cependant, les défis liés au traitement des matériaux composites persistent. AMORCE soutient l'évolution positive du taux de réutilisation et encourage la poursuite des recherches pour un jour arriver à l'objectif ultime : 100 % de la masse d'une éolienne recyclée ou valorisée !

 

Contact : Vincent Rivollet et Erwan Clauss